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Les élèves allophones dans l’angle mort de l’Éducation nationale
A l’occasion de la journée nationale du refus de l’échec scolaire, et dans le cadre du temps fort « éducation » de septembre, l’UNICEF France publie un rapport inédit sur la réussite éducative des élèves allophones en France.
©UNICEF France / Sophie Raynal
L’UNICEF France a publié le mercredi 25 septembre le rapport « Dans toutes les langues : réussir à l’école quand on ne maîtrise pas le français ». Alors qu'une nouvelle ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse vient d’être nommée, nous l’appelons à se saisir de toute urgence de ce sujet trop souvent négligé.
Le rapport fait état de la situation d’au moins 77 433 enfants et jeunes allophones en France, dont la langue, première n'est pas le français. Ces élèves, qui devraient jouir du droit fondamental à l'éducation, rencontrent de nombreux obstacles qui compromettent leur réussite scolaire, malgré les efforts des professionnels. Les dispositifs de soutien en langues existants, tels que les UPE2A (Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants), sont essentiels mais montrent leurs limites face aux besoins croissants des élèves. Nombreux sont ceux qui, pour des raisons administratives, géographiques ou temporelles, n’ont pas accès à un soutien adéquat. Alors que de plus en plus d’élèves allophones intègrent le système éducatif français (+20% entre 2019-2020 et 2020-2021), l’offre de soutien linguistique proposée par l’école française n’a pas été réformée depuis plus de 10 ans, les données collectées sont insuffisantes, et les budgets dédiés n’ont pas augmenté.
Le rapport met également en lumière les difficultés du système éducatif français à s’adapter à la diversité linguistique des élèves. Alors qu’un tiers des enfants et jeunes parle une autre langue que le français à la maison en France, selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), seulement 8 % des enseignants français se sentent bien préparés pour enseigner dans des environnements multiculturels ou plurilingue, un chiffre bien inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE de 26 %. Le rapport recommande d'adopter une approche plus proactive et inclusive en matière d'enseignement des langues premières des élèves. Il plaide également pour une réforme des pratiques pédagogiques, en particulier dans les territoires ultramarins, où les besoins en matière d’allophonie sont accrus.
©UNICEF France / Sophie Raynal
En amont, des mobilisations à travers la France
L’UNICEF France appelle à un plan ministériel ambitieux pour l’accueil et la réussite des élèves allophones, articulé autour de cinq grands objectifs et 17 mesures essentielles, notamment :
- Réformer les dispositifs de soutien linguistique pour améliorer leur accessibilité, leur qualité et leur durée.
- Promouvoir l’intégration des élèves allophones en milieu ordinaire, pour construire une école réellement inclusive.
- Former les enseignants pour intégrer efficacement toutes les langues premières dans leurs pratiques pédagogiques.
- Développer l’enseignement bilingue immersif dans les territoires ultramarins et reconnaître davantage les langues des élèves.
Un dispositif de communication est prévu auprès de nos différents réseaux pour promouvoir le rapport, ainsi qu’un colloque et un petit-déjeuner parlementaire le mercredi 25 septembre pour présenter le rapport.