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Agir en Guyane : l’UNICEF France renforce sa présence pour les droits de l’enfant
Face aux inégalités persistantes qui touchent les enfants de Guyane, l’UNICEF France intensifie son engagement sur le territoire. Entre plaidoyer, sensibilisation, formation et engagement bénévole, l’organisation met en place un dispositif d’action complet pour faire avancer concrètement les droits de l’enfant dans ce département français d’Amérique du Sud.
© UNICEF France
À quelque 7 000 kilomètres de l’Hexagone, la Guyane est le plus grand département français et l’un des plus jeunes : les moins de 15 ans y représentent un tiers de la population.
Les enfants guyanais grandissent dans un espace d’une grande richesse culturelle et naturelle, avec un territoire recouvert en grande partie par la forêt amazonienne et au sein duquel plus de 40 langues sont parlées. La Guyane présente néanmoins des défis alarmants en matière d’accès à l’école, à l’eau et à de nombreux autres services essentiels. Un enfant sur deux y grandit en situation de pauvreté, et autant rencontre des difficultés dans l’apprentissage de la lecture.
Suite à la publication du rapport « Grandir dans les Outre-Mer » en novembre 2023, l’UNICEF France se mobilise particulièrement en Guyane pour alerter les pouvoirs publics et porter ses recommandations. En 2025, la formation et la sensibilisation viennent compléter la démarche de plaidoyer existante afin de développer, comme dans l’Hexagone, un dispositif d’action complet en faveur de la réalisation effective des droits de tous les enfants, sans distinction.
« L’UNICEF France impulse depuis mars 2025 dans les Outre-Mer français d’Amérique la création d’un comité bénévole Caraïbes, explique Laura Al-Zoubi (salariée chargée de développement des activités Caraïbes). Depuis Cayenne, une trentaine de bénévoles se regroupent pour faire avancer les droits de l’enfant en Guyane, Martinique, Guadeloupe. »
Par son approche éducative largement portée par le réseau bénévole, l’UNICEF France déploie une stratégie complémentaire au plaidoyer qui permet de faire évoluer l’opinion publique en faveur des droits et de former des liens partenariaux avec les institutions locales.
En septembre 2025, une mission dédiée à la formation pour autonomiser et démultiplier
Après plusieurs mois de structuration du comité naissant, la venue de trois formateurs de l’Hexagone (deux salariés et une bénévole) est organisée en septembre 2025 afin de renforcer les capacités locales sur l’éducation aux droits de l’enfant. Des formations internes et externes ont eu lieu à cette occasion à Cayenne et à Saint-Laurent du Maroni, auprès de différents publics adultes : nouveaux bénévoles, animateurs périscolaires, médiateurs scolaires.
Les objectifs de cette mission étaient triples :
- Contribuer à la construction et l’autonomisation du comité UNICEF Caraïbes par la mise en œuvre de formations de formateurs SDE, d’animateurs de la Fresque des droits de l’enfant et de chargés de sensibilisation ;
- Développer la connaissance des droits de l’enfant chez les professionnels de l’enfance et les encourager à mettre en œuvre des actions de sensibilisation dans leurs pratiques, pour démultiplier l’impact de l’UNICEF France sur le territoire ;
- Fédérer le réseau naissant autour d’un temps fort de mobilisation et de formation.
Un comité naissant porté par une belle dynamique collective
Après le recrutement progressif de bénévoles au sein du comité UNICEF Caraïbes ces derniers mois, les formations de septembre 2025 ont représenté un point d’orgue pour le collectif. Laura Al-Zoubi décrit cette étape comme « un moment fort dans la construction du jeune comité, qui a été le temps et l’espace de créer des connexions fortes permettant de voir émerger une dynamique UNICEF sur ces territoires ».
Marie-Laure Chénart, présidente du Comité UNICEF Normandie et formatrice intervenant lors de la mission en Guyane, témoigne sur son rôle pour soutenir la structuration locale : « L'accueil, les attentes et la volonté de s'investir des bénévoles et des personnes engagées dans les dispositifs de formation étaient fortes. En qualité de présidente d'un comité, j'ai pu illustrer chaque temps de formation par des exemples concrets de ce qui peut se faire au sein d'un comité en fonction des forces vives qui le constitue. »
Les formateurs locaux, eux-mêmes nouvellement formés à leur rôle, ont largement contribué à la mise en place d’une dynamique collective porteuse. Ils font preuve d’un enthousiasme communicatif vis-à-vis de leur engagement :
« Depuis mon retour en Guyane il y a un peu plus de deux ans, je recherchais une expérience profondément enrichissante, et m'engager comme bénévole pour l'UNICEF a totalement répondu à cette quête. J'ai eu l'opportunité d'animer des ateliers éducatifs et de sensibiliser jeunes et moins jeunes aux droits des enfants. Ces moments sont empreints d'émotion, car voir leur curiosité et leur enthousiasme me rappelle l'importance de notre mission. » - Jean-Noël Chrétien, formateur SDE en Guyane
« Tout a commencé avec ma participation au Prix UNICEF de littérature de jeunesse : cette expérience a réveillé mon envie d'agir pour les droits de l'enfant. J'ai pu également créer des partenariats solides avec des établissements, convaincue que la défense des droits repose sur une action collective entre le monde éducatif et associatif. Enfin, j'apprécie particulièrement de pouvoir échanger et partager des valeurs communes avec des personnes venues d'horizons très différents. » - Ghizlane Barthélémy, formatrice SDE en Guyane
Des professionnels outillés pour comprendre, transmettre et incarner les droits de l’enfant
En Guyane, la question du faire-faire est centrale : le jeune comité UNICEF doit s’associer au monde éducatif et associatif local pour répondre aux besoins du territoire en termes de sensibilisation et formation. À Cayenne et à Saint-Laurent du Maroni, l’équipe de formateurs a expérimenté à plusieurs reprises un nouveau déroulé permettant de sensibiliser les professionnels aux droits de l’enfant et de les encourager à s’engager eux-mêmes sur ce sujet essentiel.
Au programme de cette formation intitulée « Droits de l’enfant : comprendre, transmettre, incarner » : une Fresque des droits de l’enfant pour permettre à chacun de s’approprier les concepts-clés de la CIDE, différentes activités pour s’emparer des outils et projets éducatifs de l’UNICEF France, et un débat mouvant pour prendre de la hauteur et ouvrir la discussion.
Les retours recueillis à l’issue des formations étaient largement enthousiastes et la dimension interactive était très appréciée, notamment chez des personnes initialement réticentes : « Cette formation est vraiment importante pour les médiateurs scolaires » ; « Très enrichi, plein d’idées innovantes à partager, très satisfait ! »
Le contenu de la formation et les discussions ont permis d’ouvrir la porte à des pistes concrètes pour s’engager et de questionner certaines idées reçues : « Ça m’a beaucoup aidé parce que chez nous quand on parlait de droit on pensait directement qu’en les appliquant les enfants deviendraient des enfants-rois, alors que pas du tout. »
Des défis encore à relever
La belle dynamique du comité Guyane et l’accueil enthousiaste des professionnels de l’enfance et des partenaires locaux vis-à-vis des actions de l’UNICEF France ouvrent des perspectives très encourageantes pour l’avenir.
Néanmoins de nombreux défis sont encore à relever sur ce territoire où les enfants font face chaque jour à de nombreux manquements à leurs droits. Les témoignages de tous les acteurs de terrain rencontrés lors de la mission de formation de septembre 2025 convergent sur des constats inquiétants : accompagner des enfants et jeunes en Guyane, c’est faire face à de graves problématiques de santé mentale, à des freins d’accès à l’éducation en raison des distances géographiques, du manque d’infrastructures ou de la prise en compte insuffisante du plurilinguisme, à des situations de précarité extrême…
En lien avec les pouvoirs publics locaux, la société civile et les partenaires associatifs et culturels, les équipes bénévoles et salariées de l’UNICEF France poursuivent leurs actions de plaidoyer, de sensibilisation et de formation pour que l’Etat français et l’ensemble des acteurs concernés mettent en œuvre, de manière concrète et durable, les dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant en Guyane.
