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En Guyane, une dynamique de plaidoyer relancée !
Depuis 2020, l’UNICEF France assure une présence salariée en Guyane (poste basé à Cayenne) afin d’assurer un meilleur suivi de l’état des droits de l’enfant sur ce territoire éloigné, souvent méconnu, parfois fantasmé. Après une pause sur le poste, Sonia VIDAL a pris ses fonctions afin de relancer notre dynamique de plaidoyer sur le territoire.
© UNICEF France / Mathilde Detrez
Quel est votre rôle en tant que chargée de plaidoyer Guyane ?
J’ai la charge de veiller à ce que la France applique les dispositions de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant en Guyane. Pour ce faire, je m’appuie sur les différents états des lieux et rapports produits ces dernières années par l’UNICEF France (sur le droit à l’éducation en Guyane en 2021, sur les droits de l’enfant dans les territoires ultra-marins en 2023, sur l’allophonie en 2024), qui permettent de donner un fondement objectif aux priorités de plaidoyer portées en Région. Les recommandations produites par l’UNICEF France permettent également de nourrir ou de construire les partenariats institutionnels et associatifs destinés à :
- Suivre les avancées réalisées en matière de droit de l’enfant (réglementation, stratégie concertée d’intervention, dotation et répartition géographique de ces moyens en capital humain et en infrastructures, etc.)
- Documenter les réalités locales que l’appareil statistique officiel échoue pour l’heure à capter (données manquantes ou d’une fiabilité toute relative)
- Contribuer à la définition et l’implémentation de réponses à la fois concrètes et adaptées aux coordonnées du contexte guyanais, pour adresser quelques-uns des nombreux défis qui, selon moi, font tout l’attrait et l’intérêt de ce territoire amazonien relativement méconnu ou en proie à des représentations négatives, marqués – entre autres - par la jeunesse, la pauvreté, la diversité culturelle, ethnique et linguistique de sa population.
Quelles sont les priorités de l'UNICEF France pour la Guyane depuis 2020 ?
Dans la continuité du travail effectué par mes 2 prédécesseurs, Klérya Gordien et David Chenu, il s’agit tout d’abord de réaffirmer l’importance du droit à l’éducation, sur le littoral comme dans les communes et localités isolées formant la Guyane dite « non-routière ». Notre plaidoyer national et international lié au droit à l’éducation se concentre à la fois sur l’accès à l’éducation, la qualité des enseignements, et la réussite éducative de tous les élèves.
Les effectifs scolaires en jeu dans le premier degré rapportés à la densité et la répartition des écoles engendrent des situations de surcapacités et des refus d’inscriptions plus ou moins arbitraires dans les communes littorales, particulièrement sous pression.
En Guyane routière, les journées d’école sont longues, le service de bus interurbain se réduit le plus souvent à un seul aller/retour par jour : de nombreux collégiens et lycéens se lèvent vers 5h du matin pour pouvoir arriver à l’heure et ne rentrent chez eux qu’après le coucher soleil (19h-20h).
Par ailleurs, l’enjeu de la précarité alimentaire est particulièrement prégnant puisque le service de restauration scolaire est encore trop peu développé sur le territoire. Il n’est donc pas rare que les élèves passent toute la journée le ventre vide.
Si le plurilinguisme est l’un des traits et des trésors de la société guyanaise, l’absence de prise en compte à la hauteur de la richesse des langues premières des enfants de Guyane demeure vecteur d’échec scolaire important. . Si quelques progrès sont intervenus en matière de prise en compte des langues (et cultures) premières depuis la loi MOLAC, certaines langues de Guyane ne bénéficient pas du statut de langues régionales permettant notamment le déploiement des classes bilingues dans les écoles. En outre, les difficultés touchant au recrutement et à la formation des professeurs locuteurs empêchent de structurer ou d’essaimer les dispositifs “sur mesure” qui semblent avoir fait leur preuve.
Quelles sont les prochaines étapes dans la stratégie de plaidoyer ?
Il s’agit ici prioritairement de :
- Recréer des relations auprès des pouvoirs publics locaux en diffusant nos priorités de plaidoyer
- Travailler en partenariat avec l’ensemble des organisations de la société civile qui œuvrent dans le champ de la protection de l’enfance
- Redynamiser le déploiement d’actions en lien avec nos thématiques de plaidoyer identifiées : droit à l’éducation, santé environnementale, santé mentale, lutte contre la pauvreté, protection des enfants exploités.
Dans un second temps, ces éléments de cadrage devront permettre de :
- Repositionner l’UNICEF France dans les instances de pilotage, de réflexion, de travail de nature à faciliter son ré-ancrage en Guyane,
- Veiller à ce que l’approche par les droits de l’enfant y soit comprise et entendue,
- Enrichir et élargir les sujets de plaidoyer portés et suivis en Guyane, en continuant à privilégier le prisme éducatif sans pour autant s’y cantonner.